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Le Bénin, le Nigeria et la Côte d’Ivoire se distinguent à la Biennale de Venise

Le Bénin, le Nigeria et la Côte d’Ivoire se distinguent à la Biennale de Venise

Ils sont douze pays africains à être présents cette année à la biennale de Venise, renommée mondiale dans le domaine de l’art contemporain. Le Maroc brille par son absence volontaire.

Classée parmi les manifestations artistiques les plus prestigieuses du monde, elle constitue une vitrine privilégiée pour les pays participants afin de valoriser leur culture artistique et de promouvoir leurs créateurs contemporains. Cette année, avec un focus particulier sur l’Afrique, la Biennale de Venise s’apprête à mettre en lumière la richesse et la diversité de l’art africain contemporain.

Au cours des années 1990, la sous-représentation des artistes africains à la Biennale était souvent perçue comme le reflet d’un manque d’ouverture d’esprit de la part de la scène artistique occidentale. Cependant, dès les années 2000, les artistes africains ont progressivement conquis leur place et certains d’entre eux ont même été récompensés lors de cet événement prestigieux, contribuant ainsi à apaiser les esprits critiques. Malgré ces avancées, la question de la représentation africaine a continué à susciter des débats, notamment en raison du nombre limité de pavillons nationaux permanents dédiés à l’Afrique.

La disparition d’Okwui Enwezor en 2019, qui a dirigé la Biennale de Venise en 2015, ainsi que celle de Bisi Silva, commissaire d’exposition nigériane, ont marqué un tournant dans la reconnaissance internationale de la création artistique africaine. Le succès du premier pavillon ghanéen lors de l’édition 2019 a également souligné l’importance croissante des artistes africains sur la scène mondiale de l’art contemporain.

La construction du pavillon égyptien en 1952 a marqué un premier pas significatif, faisant de l’Egypte le seul pays africain à disposer d’une structure permanente parmi les pavillons nationaux représentés. Il a fallu attendre l’exposition « Magiciens de la terre » en 1989 pour que la scène artistique internationale s’ouvre véritablement aux artistes africains, marquant ainsi un tournant majeur dans la reconnaissance de leur talent et de leur diversité créative.

A partir des années 1990, les premières expositions dédiées à l’art africain ont ouvert la voie à une réflexion sur sa définition et à une remise en question de sa représentation, notamment à la Biennale.

Des initiatives telles que le Forum des arts africains et des expositions emblématiques comme Authentic / Ex-Centric : Africa In and Out of Africa et Fault Lines: Contemporary African Art and Shifting Landscapes ont contribué à mettre en lumière la création artistique africaine contemporaine. Même si des controverses ont émergé, comme celle entourant la création d’un pavillon africain à la Biennale de Venise en 2007, ces débats ont enrichi la réflexion sur la diversité et la complexité des expressions artistiques du continent.

L’année 2015 a marqué un tournant important avec la nomination d’Okwui Enwezor, un curateur d’origine nigériane, à la direction artistique de la Biennale. Son engagement à inclure un plus grand nombre d’artistes africains dans l’exposition principale, All the World’s Futures, a été accueilli avec enthousiasme par la communauté artistique africaine.

Malgré des avancées notables, des défis persistent. La question de l’investissement des États dans le secteur artistique reste cruciale, car elle influence directement la visibilité et la représentation des artistes africains à l’échelle internationale. L’absence d’un marché de l’art structuré en Afrique a également un impact significatif, poussant de nombreux artistes à chercher des opportunités et des soutiens en dehors du continent.

Cette année, la présence du pavillon ghanéen a suscité un enthousiasme particulier. En effet, la sélection d’artistes tels que El Anatsui, John Akomfrah, Lynette Yiadom-Boakye, et la contribution de l’architecte David Adjaye à la scénographie ont fait de ce pavillon un véritable succès.

La diversité des disciplines artistiques représentées, allant de la peinture à la sculpture en passant par la vidéo et la photographie, témoigne de la richesse et de la créativité de la scène artistique ghanéenne. La présence de Felicia Abban, photographe de studio des années 1950-1960, apporte une dimension patrimoniale et met en lumière l’importance de la diversité des pratiques artistiques.

Des initiatives telles que celles de l’artiste congolais Sammy Baloji, qui a organisé des expositions et des projets artistiques d’envergure, montrent qu’il existe d’autres voies pour promouvoir la diversité et la richesse de la création artistique africaine. En mettant l’accent sur une approche historique et en inscrivant la reconnaissance de l’art congolais dans la durée, ces initiatives contribuent à construire une valeur artistique durable et à sensibiliser un public plus large à la diversité des expressions artistiques africaines.

En dépit des défis et des obstacles, l’art contemporain africain continue de rayonner et d’inspirer à travers le monde. Les artistes africains, qu’ils soient basés en Afrique ou dans la diaspora, apportent une contribution précieuse à la scène artistique mondiale, enrichissant notre compréhension de la diversité culturelle et de l’expression artistique.

Le Bénin

Le Bénin fait ses débuts avec son propre pavillon officiel dirigé par le critique d’art renommé Azu Nwagbogu, et c’est une nouvelle passionnante pour le monde de l’art! Intitulé « Everything Precious Is Fragile », ce pavillon met en lumière les incroyables talents des artistes Chloé Quenum, Romuald Hazoumè, Moufouli Bello et Ishola Akpo.

Chloé Quenum, artiste multidisciplinaire, nous emmène dans un voyage à travers la culture et l’histoire avec ses œuvres captivantes. Sa capacité à explorer des thèmes profonds et à les traduire en art est tout simplement remarquable.

Romuald Hazoumè, un artiste renommé, utilise des matériaux recyclés pour créer des œuvres qui transmettent des messages puissants sur notre société et notre environnement. Sa créativité et son engagement envers la durabilité sont inspirants pour nous tous.

Moufouli Bello, avec ses peintures lumineuses, explore les constructions sociales de manière saisissante. Son travail coloré et expressif nous pousse à réfléchir sur les normes et les valeurs de notre société.

Ishola Akpo, photographe talentueux, fusionne réalité et fiction, tradition et modernité dans ses œuvres captivantes. Sa capacité à créer des images qui défient les attentes et questionnent notre perception du monde est tout à fait fascinante.

« Everything Precious Is Fragile » offre une opportunité unique au Bénin de briller sur la scène artistique mondiale. Ce pavillon est un véritable trésor qui mérite d’être découvert et célébré. Les artistes présentés sont des talents exceptionnels qui méritent toute notre attention et notre admiration.

Aussi, le pavillon du Bénin est une véritable pépite dans le monde de l’art contemporain. Le Bénin a désormais sa place sur la scène artistique mondiale, et nous avons hâte de voir ce que l’avenir réserve à ces talents exceptionnels.

Le Nigéria

Le retour du Nigeria à la Biennale de Venise après une décennie d’absence est une nouvelle passionnante et pleine d’ambition. Sous la direction de Aindrea Emelife, le pavillon du Nigeria présente le projet Nigeria Imaginary, mettant en avant des artistes intergénérationnels qui explorent les différentes facettes du Nigeria à travers leurs œuvres. Cette exposition est une plongée dans l’héritage colonial du pays et une vision audacieuse d’un avenir prometteur et porté par la jeunesse.

Le pavillon du Nigeria promet d’être une expérience unique, avec un site web interactif et des contenus audio créés en collaboration avec des artistes et des musiciens nigérians. Des entretiens et un podcast exclusif avec les artistes permettront au public de plonger encore plus profondément dans le Nigeria imaginaire.

En s’inspirant du Mbari Club fondé à Ibadan en 1961, cette nouvelle génération d’artistes explore avec passion les paradoxes des mythes, les expériences de la modernité coloniale et la fantaisie utopique.

Chaque œuvre exposée invite les visiteurs à plonger dans un univers fascinant où l’histoire et la créativité se rejoignent. Des peintures vibrantes de Tunji Adeniyi-Jones aux installations sculpturales de Ndidi Dike, en passant par les dessins mystiques de Toyin Ojih Odutola, chaque artiste apporte sa propre vision du Nigeria imaginaire.

L’exposition propose également des expériences interactives, comme la tour de radio sculpturale de Precious Okoyomon qui transforme les changements atmosphériques en sons envoûtants. Les installations de Fatimah Tuggar, mêlant réalité augmentée et intelligence artificielle, offrent une réflexion profonde sur l’impact de la colonisation et de la mondialisation sur l’artisanat indigène.

En explorant les thèmes de la mémoire, de l’identité et de l’innovation artistique, Nigeria Imaginary révèle la vitalité et la diversité de la scène artistique nigériane. Une véritable célébration de la créativité et de l’héritage culturel du pays, cette exposition est un incontournable pour tous les amateurs d’art en quête d’inspiration et d’émerveillement.

Côte d’Ivoire

La Biennale présente le pavillon de la Côte d’Ivoire. un pays d’une richesse culturelle et artistique incomparable, regorge de talents et de créativité. Parmi ces artistes talentueux se trouvent Jems Koko Bi, François Xavier Gbré, Sadikou Oukpedjo, Franck Abd-Bakar Fanny et Marie Claire Messouma, qui sont des figures emblématiques de la scène artistique ivoirienne. Leur travail, souvent regroupé sous le nom de « The Blue Note », est une véritable ode à la beauté et à la diversité de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Jems Koko Bi est un artiste pluridisciplinaire dont les œuvres mêlent peinture, sculpture et installation. Son style unique et sa vision profonde de la société ivoirienne lui ont valu une reconnaissance internationale. Ses œuvres, souvent empreintes de poésie et de mystère, captivent et émeuvent le spectateur, le transportant dans un univers où la réalité se mêle à la fiction.

François Xavier Gbré, quant à lui, est un photographe talentueux dont les clichés saisissants capturent la beauté brute et la complexité de la Côte d’Ivoire. Ses photographies, souvent en noir et blanc, révèlent la richesse culturelle et la diversité des paysages de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Son regard aiguisé et sa sensibilité artistique lui permettent de mettre en lumière des aspects souvent méconnus de la réalité ivoirienne.

Sadikou Oukpedjo est un sculpteur renommé dont les œuvres monumentales témoignent de son talent et de sa maîtrise technique. Ses sculptures, souvent inspirées par la nature et les traditions ivoiriennes, dégagent une force et une énergie impressionnantes. Chacune de ses créations raconte une histoire, un mythe, une légende, invitant le spectateur à plonger dans un univers où le sacré et le profane se côtoient harmonieusement.

Franck Abd-Bakar Fanny est un peintre dont les toiles colorées et vibrantes célèbrent la joie de vivre et la diversité culturelle de la Côte d’Ivoire. Son style figuratif et expressif lui permet de transmettre des émotions intenses et de susciter l’enthousiasme du public. Ses tableaux, souvent empreints de symbolisme et de mystère, sont une véritable invitation au voyage et à la découverte.

Enfin, Marie Claire Messouma est une artiste pluridisciplinaire dont les créations audacieuses et engagées questionnent les enjeux sociaux et politiques de la Côte d’Ivoire contemporaine. Son travail, souvent provocateur et subversif, interpelle le spectateur et l’incite à réfléchir sur les problématiques de notre société. Son engagement artistique et sa vision critique font d’elle une figure incontournable de la scène artistique ivoirienne.

Ensemble, Jems Koko Bi, François Xavier Gbré, Sadikou Oukpedjo, Franck Abd-Bakar Fanny et Marie Claire Messouma forment un collectif artistique d’une richesse et d’une diversité exceptionnelles. Leur travail, souvent regroupé sous le nom de « The Blue Note », est une véritable déclaration d’amour à la Côte d’Ivoire, à sa culture, à son histoire et à sa population. Leur talent et leur créativité font d’eux des artistes incontournables de la scène artistique africaine, dont la renommée dépasse largement les frontières de leur pays.

La Biennale de Venise joue un rôle crucial dans la mise en lumière de la scène artistique mondiale, et il est essentiel de continuer à réfléchir et à agir pour une représentation plus juste et plus diversifiée de la création africaine contemporaine au sein de cet événement d’envergure internationale.

Pour plus d’informations:

https://journals.openedition.org/critiquedart/53735

https://cecilefakhoury.com/events/310-pavillon-national-de-la-cote-d-ivoire-the-jems-koko-bi-francois-xavier-gbre-marie-claire-messouma-manlanbien

Gérard Flamme