Le Festival International de la Mode Africaine s’est déroulé à Rabat en décembre 2022. Nous avons rencontré de jeunes talents africains particulièrement le gagnant de cette édition porteur de la marque « KOFHERY COUTURE ».
Ils, elles étaient plusieurs à concourir pour cette 14eme édition en qualité de jeunes créateurs. Beaucoup de collections sublimes nous ont été présenté par de jeunes talents.
Présentation de quelques modèles des créateurs en compétition.
Nous avons rencontré Hermann Yacoub Konan qui a gagné ce concours à l’unanimité du jury.
La rédaction: Qui es-tu ?
j’ai 22ans. Je vis dans une famille bienveillante et facilitante. La mode a toujours été ma passion depuis mon plus jeune âge. Le « pourquoi » je ne saurais le dire mais j’ai toujours eu cette passion de la mode en moi, c’est inné. Après des études secondaires (Bac A) dans un lycée privé J’ai fait 3 années d’études mode (BT stylisme, modélisme). Après l’obtention de mon BT en « stylisme, modélisme et design de mode » je confirme ma formation par des stages dans différentes entreprises en Afrique et revient en Côte d’Ivoire en 2021. Je commence à travailler et dessiner des collections pour différentes maisons comme « Women Gallery » (https://thewomangallery.com/), « Hermann’s. K », des grands noms tels que « Modest.ba » https://instagram.com/modeste.ba?igshid=YmMyMTA2M2Y= , « moses by style » (https://web.facebook.com/MosesByStyle/?_rdc=1&_rdr) , « Oney LD » (https://fr-fr.facebook.com/LDCouture/) . Après quelques mois au sein de ces entreprises j’ai décidé de mettre en place ma propre ligne de vêtement avec la marque « KOFHERY COUTURE », une marque qui se veut très afropolitaine et avant-gardiste. Une marque qui incarne le luxe à l’africaine. Tout en alliant tradition et modernité.
Mon quotidien est plutôt simple… des allées et venues entre la maison et mon lieu de travail. Comme je l’ai dit j’ai une famille très compréhensive et ouverte d’esprit qui me soutient dans tous mes projets sans juger mais me conseillant. Des amis j’en ai peu, je suis un être solitaire.
La rédaction: Quel a été ton premier vêtement ?
Mon premier vêtement était un bustier…. tout ce qu’il y avait de plus simple, mais pour moi ça a été un exploit de pouvoir matérialiser une œuvre de mon esprit. Malheureusement je n’ai gardé aucune trace de ce premier ouvrage.
A ce jour, j’ai réalisé ma deuxième collection. je m’inspire de tout et de rien… du beau, du laid, je m’inspire de la vie et tout ce qui touche au luxe et à la beauté.
La rédaction: Tu as été sélectionné au Fima. Parles-nous de ta collection
Le FIMA est un rêve qui est finalement devenu réalité. Il y quelques mois un appel pour les jeunes créateurs avait été lancé sur les réseaux sociaux. Aussi, je me suis inscrit. C’était quelque chose que j’attendais déjà depuis des années. J’ai été sélectionné avec quelques autres venant d’autres pays..
La collection qui a été présentée lors de la 14ème édition du FIMA veux rendre hommage à une reine akan très populaire en Côte d’Ivoire, la reine ABLA POKOU reine du peuple baoulé, un peuple du centre de la Côte d’Ivoire pays dont je suis originaire. La légende veut qu’Abla Pokou (ou Aura Poku, ou Abra Pokou) soit une reine africaine qui, vers 1770, mena le peuple baoulé du territoire de l’actuel Ghana vers celui de l’actuelle Côte d’Ivoire.*
La rédaction: Explique-nous ton processus de création ?
Tout commence par un croquis qui va ensuite être matérialisé par le patronage, la graduation, le moulage si nécessaire, et ensuite le montage à la machine pour enfin obtenir le produit fini. Je m’intéresse à presque tous les tissus existants, mais je favorise le pagne tissé made in Côte d’Ivoire et aussi d’autres matières végétales.
La rédaction: Tu as reçu le premier prix. Et une possibilité d’aller te former au collège Lassalle au Maroc. Parle-nous de ce prix
Ce prix est un rêve qui est devenu réalité mais aussi une certaine consécration, une récompense pour le travail de mon esprit, le travail de mon âme. Je n’en ai qu’un: me hisser au plus haut sommet de la mode, pas seulement en Afrique mais au niveau mondial. Comme on le dit rêvons et donnons-nous les moyens de réaliser nos rêves.
La rédaction: Tu te voies où dans 5 ans et dans 10 ans ?
Dans 5 ans, je me vois ouvrir plusieurs showroom KOFHERY COUTURE dans quelques villes du monde. j’imagine ma griffe dans des dressings de femmes en Afrique, en Europe, en Amérique et Asie. Sur la planète mars si possible.
Et dans 10 ans, hisser la marque KOFHERY COUTURE au niveau des plus grandes maisons de ce monde. Je suis croyant, j’ai la foi. Alors…
Abla Pokou, la légende
Née au début du xviiie siècle, Abla Pokou est la nièce du roi Osseï Tutu, fondateur de la Confédération ashanti du Ghana. À la mort de ce dernier, son neveu lui succède sur le trône, en vertu de la loi matrilinéaire, c’est-à-dire la loi de succession par lignée maternelle. Aussi, au décès du neveu de Osseï Tutu, le fils de sa sœur, une guerre de succession éclate entre Itsa — un vieil oncle issu de la famille régnante — et Dakon, le second frère d’Abla Pokou. Au cours de celle-ci Dakon est tué. Dès lors, Abla Pokou sait le terrible sort qui l’attend si elle reste. Protégée par une tribu de fiers guerriers mais également de nobles à sang royal les « Lefahafoué » s’érigèrent en dernier rempart de la famille royale. La reine s’enfuit donc vers le nord-ouest avec sa famille, ses serviteurs, ses soldats fidèles et tous ceux du peuple qui se reconnaissent en elle ou en Dakon. Elle franchit le fleuve de la Comoé.
Selon la légende, la reine Abla Pokou et ses partisans se retrouvent bloqués dans leur fuite par le fleuve mugissant de la Comoé, barrière naturelle entre leurs anciennes terres situées dans le Ghana actuel et le territoire devenu aujourd’hui Côte d’Ivoire, dont le niveau a monté en raison des pluies hivernales2,3,4.
Or les poursuivants sont à leur trousse, à seulement quelques kilomètres. On décide de consulter alors les mânes. La reine Abla Pokou lève les bras au ciel et se tourne vers son devin : « Dis-nous ce que demande le génie de ce fleuve pour nous laisser passer ! » Et le vieil homme lui répond : « Reine, le fleuve est irrité, et il ne s’apaisera que lorsque nous lui aurons donné en offrande ce que nous avons de plus cher. ». « Ce que nous avons de plus cher, ce sont nos fils ! ». Dès lors, Abla Pokou comprend que seul le sacrifice de son fils unique peut satisfaire les génies du fleuve. Abla Pokou élève l’enfant au-dessus d’elle, le contemple une dernière fois et le précipite dans les flots grondants. Aussitôt, les eaux troublées de la Comoé se calment et se retirent jusqu’au genou, et toute la tribu franchit le fleuve sans encombre2,4.
Après la traversée, la reine se retourne et murmure dans un sanglot : « Bâ-ouli », ce qui signifie littéralement : « L’enfant est mort. » C’est ainsi qu’en souvenir de cet enfant, la tribu d’Abla Pokou aurait été appelée « Baoulé », et que le berceau du peuple Baoulé reçut le nom de Sakassou, autrement dit, « le lieu des funérailles ».
Gérard Flamme
