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Les diamants du Botswana

Les diamants du Botswana

L’industrie du diamant joue un rôle crucial dans l’économie du Botswana, représentant 36% du PIB et environ 89% des revenus d’exportation. En tant que premier producteur africain et deuxième mondial de diamants bruts, le pays a produit 16 millions de carats en 2020.

Avec une population de 2,4 millions d’habitants, dont l’âge moyen est de 25 ans, et un PIB par habitant de 6 711 dollars selon la Banque mondiale, le Botswana est considéré comme l’un des pays les plus prospères d’Afrique. Cependant, la crise économique induite par la pandémie de Covid-19 a eu un impact significatif, entraînant une récession forte en 2020 selon le FMI. Bien que la reprise ait été amorcée en 2021, le pays doit continuer à œuvrer pour retrouver sa vigueur économique d’avant la crise.

Pour rappel, le Botswana, deuxième producteur mondial de diamants de qualité gemme en termes de quantité, mais premier en termes de valeur, joue un rôle crucial sur la scène diamantaire international. Le pays a su exploiter ses ressources naturelles de manière efficace et lucrative. La capitale, Gaborone, s’est imposée comme un centre diamantaire majeur, attirant des acteurs clés de l’industrie.

Les premières découvertes de diamants au Botswana remontent aux années 1950, lorsque des prospecteurs ont trouvé des diamants dans le lit asséché des affluents de la rivière Limpopo, à l’est du pays. Les sociétés minières se sont alors lancées à la recherche des précieuses pipes diamantifères, découvrant finalement des gisements de haute qualité à Lethlakane, plus au nord, aujourd’hui connus sous le nom de mines d’Orapa, du nom du parc national environnant.

L’exploitation des mines d’Orapa a débuté en 1972, et depuis lors, elles ont produit une quantité remarquable de diamants de qualité gemme, avec plus de 60% des diamants bruts répondant à ces critères. Avec la récente découverte de deux diamants exceptionnels de plus de 100 carats au Lesotho et au Botswana en ce début d’année 2024 par Les compagnies minières Lucara Diamond et Gem Diamonds, la renommée de ces deux pays en tant que producteurs de diamants de qualité est une fois de plus confirmée.

Ces découvertes mettent en lumière la richesse et le potentiel des ressources diamantifères du Botswana et du Lesotho. Tandis que le Botswana se positionne en tant que premier producteur mondial de diamants en valeur, le Lesotho est reconnu pour abriter la mine Letšeng, réputée pour avoir le prix par carat le plus élevé au monde.

Le Botswana se prépare à une transformation majeure dans le secteur de la vente de diamants suite à un accord historique conclu avec De Beers, le producteur renommé de pierres précieuses et premier parternaire du Botswana. L’Okavango Diamond Company (ODC), entreprise diamantaire publique du Botswana, envisage de diversifier ses méthodes de vente sur le marché, alors qu’elle s’apprête à recevoir une part plus importante des pierres précieuses produites par la coentreprise Debswana du gouvernement botswanais avec De Beers.

Actuellement, l’ODC vend 25 % des diamants bruts provenant de Debswana lors de ventes aux enchères. Cependant, avec le nouvel accord conclu entre le Botswana et De Beers, sa part augmentera à 50 % au cours de la prochaine décennie. Cette évolution est significative, mais elle survient dans un contexte de défis économiques et de concurrence accrue des diamants de synthèse.

En tant que premier producteur mondial de diamants en valeur, le Botswana dépend fortement des revenus générés par cette industrie, avec environ 30 % de ses revenus et 70 % de ses recettes en devises provenant des diamants. Cela expose l’économie du pays aux fluctuations des prix des pierres précieuses, qui ont récemment connu une baisse de l’ordre de 12 % au cours des six derniers mois.

Pour optimiser ses ventes et réduire les risques, l’ODC envisage de diversifier ses canaux de vente. Le directeur général de l’ODC, Mmetla Masire, souligne la nécessité de soutenir d’autres clients en offrant des options de vente alternatives. En parallèle, James Campbell, directeur général du groupe minier Botswana Diamonds, souligne les défis logistiques liés à la vente de gros volumes de diamants lors de périodes de marché difficile.

Afin de mieux s’adapter aux fluctuations du marché, De Beers utilise historiquement un autre canal de vente, les « sights », qui consistent à proposer des diamants non polis à des clients sélectionnés. Avec le nouvel accord, l’ODC aura la liberté de vendre directement aux clients, offrant ainsi une structure plus flexible pour gérer les variations de la demande.

Contrairement à de nombreux autres pays africains riches en ressources naturelles, le Botswana a su tirer profit de ses revenus diamantifères pour stimuler son développement économique et social. En effet, le pays offre une éducation gratuite de l’école primaire à l’enseignement secondaire, un investissement crucial dans le capital humain qui a contribué à multiplier par cent le nombre d’écoles en seulement quarante ans.

Dans le même temps, le Botswana s’engage résolument dans la formation et le développement de ses jeunes talents pour renforcer le secteur clé de son économie. En effet, un partenariat novateur avec la société belge HB Antwerp a été établi dans le but d’introduire un programme de formation dès le niveau universitaire.

À l’Université internationale des sciences et technologies du Botswana, les étudiants auront désormais l’opportunité d’acquérir des compétences en matière de technologies d’exploitation et de développement de l’industrie du diamant. Ce partenariat de cinq ans avec HB Antwerp, une entreprise belge spécialisée dans la taille des diamants pour des marques de luxe telles que Louis Vuitton, offre aux étudiants botswanais la possibilité d’apprendre des techniques de pointe, de réaliser des stages en entreprise et de bénéficier de bourses d’excellence.

La Vice-chancelière de l’Université, Otlogetswe Totolo, a salué cet accord qui offre aux jeunes du Botswana des opportunités de développement de leurs intérêts communs, tout en permettant le transfert de compétences essentielles pour le développement industriel et manufacturier de l’économie nationale.

Le partenariat récent avec HB Antwerp s’ajoute à d’autres initiatives des autorités botswanaises visant à susciter l’intérêt des jeunes pour les technologies liées à l’exploitation et à la transformation des diamants, dans le but de garantir un vivier d’experts locaux pour l’avenir. En capitalisant sur sa plus grande richesse naturelle, le Botswana aspire à relever le défi crucial du développement en renforçant les compétences des jeunes dans le secteur du diamant.

Le Botswana en quelques mots

Le pays le moins corrompu de l’Afrique

Le paradis des safaris: Pays enclavé au sud de l’Afrique, le Botswana est l’un des plus prospères et des plus calmes du continent. Ses nombreux parcs nationaux et réserves abritent la plupart des espèces animales d’Afrique.

Le plus démocratique et le plus prospère de l’Afrique

Le plus moderne: Il y a quelques années, la Haute Cour a estimé que la loi incriminant la «connaissance charnelle de toute personne contre tout ordre naturel» était discriminatoire et, par conséquent, inconstitutionnelle. Sur la photo, une militante célèbre cette décision historique.

 Gérard Flamme